Entretien avec Patrick TUPHE, Président du FPETT
« En 28 ans, le FPETT s’est beaucoup développé, toujours au service de l’employabilité du salarié intérimaire et du demandeur d’emploi, pour l’aider à s’insérer – ou à se réinsérer – dans un monde qui bouge à vitesse accélérée. »
Pouvez-vous nous rappeler la mission confiée par les partenaires sociaux au FPETT ?
Les partenaires sociaux de la Branche du travail temporaire ont créé le Fonds professionnel pour l’emploi dans le travail temporaire (FPETT) en 1996, il y a déjà 28 ans, sous la forme d’une association Loi 1901.
Sa mission originelle est d’intervenir sur le champ de la formation au profit des publics intérimaires et des demandeurs d’emploi. Cela implique de développer de multiples formes d’actions ou d’ingénieries spécifiques visant à favoriser le développement des compétences et l’accès à l’emploi de ces publics, quels que soient leurs profils, leurs niveaux, leurs expériences et leur localisation.
En 28 ans, le FPETT s’est beaucoup développé, toujours au service de l’employabilité des salariés intérimaires et des demandeurs d’emploi, pour les aider à s’insérer – ou à se réinsérer – dans un monde qui bouge à vitesse accélérée. Nous travaillons beaucoup sur l’idée de parcours professionnel voire de parcours de vie, en gardant toujours à l’esprit l’ambition d’aider chaque intérimaire à trouver sa place, notamment sous la forme d’un contrat à durée indéterminée s’il le souhaite.
Notre mission s’exerce en étroite relation avec tous les acteurs de notre écosystème, les intérimaires bien sûr et aussi les agences d’emploi et leurs entreprises clientes. L’intérêt des uns rencontre celui des autres. Tout est étroitement lié : nous ne déclenchons des actions de formation que pour placer les intérimaires en situation de travail. Le modèle économique de l’intérim repose précisément sur la mise à disposition de personnels formés et compétents auprès des entreprises, sans laquelle plus de
10 000 agences d’emploi présentes sur le territoire français ne pourraient pas maintenir leur activité. C’est donc bien d’une logique gagnant-gagnant dont nous parlons. C’est un point fondamental.
Quels sont les principaux enjeux auxquels le FPETT fait face ?
J’aimerais rappeler que les intérimaires représentent 800 000 personnes en équivalent temps plein (ETP) et entre 2,5 et 3 millions de personnes en flux. Leur formation est donc un sujet essentiel et c’est notre travail !
L’un des enjeux majeurs pour le FPETT est d’organiser les parcours en complémentarité et en cofinancement en articulant des fonds privés et des fonds publics. Ces derniers peuvent aller de la plus petite échelle du territoire, locale, à la plus vaste, européenne. Nous nous adressons à l’ensemble des institutions publiques qui travaillent sur les enjeux de formation professionnelle. Nous travaillons notamment avec la région Bourgogne-Franche-Comté. Nous sommes animés par l’ambition d’optimiser nos moyens pour atteindre des résultats toujours meilleurs dans l’intérêt conjoint des intérimaires et des entreprises.
Pour cela et c’est notre deuxième enjeu, nous cherchons à changer le regard sur le travail temporaire et à mieux faire connaître à nos partenaires potentiels la valeur ajoutée du FPETT, en particulier l’étendue de nos actions au bénéfice non seulement des salariés intérimaires mais aussi de toute la collectivité nationale.
C’est d’autant plus important que la France est aujourd’hui soumise à une contrainte budgétaire forte et que les fonds alloués à la formation risquent d’être revus à la baisse. Cela renforce la nécessité de faire appel à des fonds privés pour faire face à ce contexte plus difficile, que j’évoquais il y a quelques instants. Sans fonds privés, rien n’est possible !
Quelles sont les principales avancées qui ont marqué 2023 et se poursuivent en ce début d’année ?
À travers de ce que je viens d’évoquer, on constate qu’en 2024, comme depuis 28 ans, quel que soit le contexte, le FPETT est toujours là pour trouver des solutions afin de former les salariés intérimaires.
Notre action majeure au titre de 2023 est la création du Pôle Reconversion qui mobilise des moyens financiers importants et des ressources humaines dédiées. C’est un investissement fort au service des salariés qui ont eu un accident du travail ou une maladie professionnelle (AT/MP), que nous avons également ouvert à titre expérimental à celles et à ceux qui sont en longue maladie. Nous avons doublé les moyens humains en passant de deux à quatre personnes dans un Pôle dédié. La méthode d’accompagnement que nous utilisons est très innovante : Au contact direct des salariés concernés, notre Pôle met en place une approche individualisée, centrée sur la personne, réellement au cas par cas. Nous avons ainsi pu déclencher et financer des formations des personnes motivées pendant leur arrêt de travail – compatibles avec leur maladie bien sûr – tout en préservant le versement de leurs indemnités.
Dans le contexte du passage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, nous avons travaillé sur la création d’un Tremplin seniors ciblé sur les besoins spécifiques des plus de 50 ans. Nous mettons en place des actions pour les aider à prendre la main sur leur fin de carrière, en reprenant confiance en eux. Cinq expérimentations sont en cours à Mulhouse, Évreux, Laval, Béziers et Toulouse.
Troisième et dernière exemple : nous lançons une démarche appelée Certif TT pour reconnaître et valoriser l’expérience des intérimaires par un diplôme ou un titre professionnel, décerné après un passage devant un jury. Cinq expérimentations se déroulent actuellement à Chartres, Dijon, Grenoble, Hazebrouck et Valenciennes.
Patrick TUPHE, Président du FPETT